Histoire vécue du chikungunya.
Patience "il" arrive … ce sera plus long …"il" doit faire le tour du
monde…. Il paraît.
Tout le monde ne l’aura pas d’ailleurs.
Je fais partir des privilégiés …comme d’habitude.
Mais c’est intéressant comme expérience dans le top 50 des "jusqu’où peut
aller la douleur", pas encore inventé le mot pour définir ce nouveau fléau
; mais le scénario est simple :
En ce qui me concerne et avant la confirmation de l’infection,
manifestations de douleurs diffuses, confuses aussi qui te font dire
«bof ! C’est l’âge, t’es rouillée,
arthrose, arthrite, ostéoporose,
t’es morose pour faire dans la prose
post-infectieuse »,
enfin toutes ces conneries qui ne servent à rien.
Car le moustique, lui, (enfin plutôt elle) faut lui rendre justice, est né
pour piquer notre sang au péril de sa vie parfois ; (1 sur 100 est
piqueur), et là pour sa survie pas de racisme, ni de totalitarisme, ni de
chauvinisme, son paroxysme c’est de piquer !
- il a une allure
féroce d’ailleurs, tigré noir et blanc (déjà t’a qu’a voir), the best
dans son genre : sournois pas plus de bruits
que ses cousins, immunisé contre tous les produits pour la peau acheter à
prix d’or, malin sachant détecter la partie non
traitée, résistant puisqu’il arrive d’Inde (hé! oui pas d’Afrique, là-bas
ils sont gâtés il y a déjà le paludisme, la fièvre jaune) ;
sa résistance est ses moyens de propagation :
- le réchauffement climatique,
- Les échanges, les transports de marchandises (pneus dans bateaux,
plantes) la saleté, la négligence humaine, l’eau
croupissante, la luxuriance de la végétation non maîtrisée.
Il parait que son cousin sévit en Camargue, encore un mutant.
Voilà pour la généralité, pour la personnalisation il faut le vivre :
Au début tu ne peux soulever une fourchette, d’autres la brosse à dents,
dans les 2 cas tu t’en fous. Tu ne peux pas manger, ni boire, ta bouche
est pleine de boutons, tes gencives saignent, ta langue et ton foie te
font croire que tu as fêté 100 St Sylvestre en 30 secondes (j’ai toujours
aimé les défis).
Tu es insomniaque, tes voûtes plantaires sont traversées de douleurs et
parsemées de milliers de petits clous qui s’élancent joyeusement vers tes
mollets, fusant jusque dans ton dos, et puisque tu as 2 membres supérieurs
c’est idem, à cela rajouter les épaules, la tête (alouette), l’estomac
prend sa part de réclamations soutenues par les intestins ; en bref tu
souhaites ardemment faire copain copain avec les wc, mais sans quitter le
lit, ou tu ne souhaite pas rester non plus car tu penses qu’ailleurs sur
une autre planète tu souffrirais moins, mais comme tu n’as pas d’armes
pour lutter puisque c’est une première dans les pays développés (c’est
cela), autant souffrir dans cette galaxie.
Les toubibs désarmés, ta famille impuissante, tes amis compatissants
(puisqu’ils ont déjà donné), et comme le monde doit continuer de tourner
tout le monde s’en moque !
Alors tu te raccroches à 1 Efferalgan (1 gr) toutes les 4 heures, et un
anti-inflammatoire toutes les 8 heures, RI-DI-CU-LE,
devant l’inertie du gouvernement et la capitolabotoiresque, si tu ne meurs
pas (260 disparus sur l’île), bébés, jeunes, anciens, sportifs et tous les
autres toutes catégories confondues.
Tu apprends à te servir d’une canne avec tes 10 pouces gauche ou droite,
c’est selon.
Comme les douleurs sont invisibles, en sus tu perds les cheveux, poitrine
et thorax oppressés au bord de l’asphyxie, des myriades de boutons faisant
d’ailleurs eux aussi n’importe quoi, en s’installant de préférence dans un
endroit ou tu ne peu pas te gratter, et comble de raffinement tes pieds et
mains doublent de volume, sympa les pompes à papa, et ensuite tu pèles,
mais pas que du cul ce serait trop anonyme, ton corps déjà bien meurtri se
couvre de cloques et tu peux arracher la peau comme tu ôtes des
chaussettes (là sans douleurs) ; fièvre ou frissons, tremblements,
vertiges nausées maux de tête, troubles de la vue (pour certains), ne sont
que des accessoires supplémentaires.
Je n’ose penser où ce moustique est allé remplir sa seringue de sang avant
de me piquer.
Ceci afin de rappeler au genre humain qu’il est moins que rien, tu
souffriras plusieurs semaines, voir plusieurs mois, et comme tu es
orgueilleux et suffisant cela reviendra moult fois dans ta misérable
existence afin que tu te souviennes que tu es infiniment rien…
C’est de l’ordre des choses comme dirait l’œuf qui fit la poule. D’aucuns
dirait "ouais" c’est les sélections naturelles les uns les autres les
jeunes, les anciens (les cons, les sportifs, à remettre dans l’ordre), ah
! vox populi quand tu nous tiens.
Ps : je suis malade depuis le 5 juillet, 2006 et l’incubation c’est 10
jours.
J'ai oublié les kystes, derrière les zoreilles
sans jeu de mot c'est ma tribu, merci de votre temps passé à la lecture de
ma
douleur..... D'ailleurs 7 mois après les douleurs
reviennent.
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