Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Vendredi 7 juillet 2006

OLIVIER DE NICOLA, PRESIDENT DE THOMAS COOK FRANCE
 

Relance du tourisme : «Faire abstraction du Chik»

 


Président du directoire de Thomas Cook France, Olivier de Nicola était à la Réunion cette semaine. Pour lui, la relance du tourisme passe par une campagne de communication "dynamique" et faisant abstraction du chikungunya. Il reproche notamment au CTR d'avoir fait les mauvais choix jusqu'ici et explique que l'impulsion doit venir de la Réunion avant d'être relayée par les agences de voyage.

 

 

 - En avril, en pleine flambée de chikungunya, Thomas Cook avait fait couler beaucoup d’encre en faisant signer une décharge à ses clients souhaitant se rendre à la Réunion. Avec un peu de recul, regrettez-vous cette décision ? 

- Je ne peux pas la regretter : c’est l’environnement juridique qui nous a obligés à le faire. Au moment où les médias se faisaient alarmistes, un client nous a menacés de nous intenter un procès. Nous risquions de perdre et cela aurait fait jurisprudence. 

Juridiquement, lorsqu’on ne déconseille pas quelque chose, cela veut dire qu’on le conseille. Nous avons dû prendre cette décision difficile qui consistait à faire signer une décharge. Nous avons arrêté fin mai. 

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que nous programmons la Réunion dans nos catalogues et donc que notre intérêt n’est pas d’inciter les clients à annuler leurs déplacements. Nous avons d’ailleurs continué à vendre la destination. Si nous nous étions arrêtés, les choses auraient été bien pires.

Je suis notamment venu à la Réunion pour ça : il est important d’en parler.
 

 Des réservations en baisse de 80%
 

- Où en est l’activité de Thomas Cook sur la Réunion depuis le début de l’année ? 

- Nous avons eu beaucoup de reports sur les Antilles qui présentent l’avantage d’offrir des tarifs inférieurs. Jusqu’en mars, en matière de distribution de voyages, la Réunion était en baisse de 29% contre 16% pour l’île Maurice. 

La destination Réunion s’est ensuite écroulée puisque jusqu’au mois d’octobre nos réservations sont en baisse de 80% par rapport à l’année dernière contre 30% pour l’île Maurice. 

Les Mauriciens ont réussi à remplacer les touristes français par des Allemands. Cela n’a pas été le cas à la Réunion où la clientèle est moins diversifiée. 

- Que faut-il faire pour que le tourisme reparte à la Réunion ? 

- Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne et ce n’est pas à nous d’impulser la relance.

Je dirais néanmoins qu’il manque actuellement une autorité gouvernementale qui donne un message clair sur la situation à la Réunion. Il faut dire que les choses vont mieux maintenant. Or personne ne le fait.
Une fois ce premier frein levé, il faudra mettre une campagne de communication dynamique en faisant abstraction du chikungunya.
 

«Une campagne dynamique serait plus porteuse» 
 

- Ce n’est pas l’option qui a été retenue par le Comité du Tourisme de la Réunion avec une campagne baptisée « la Réunion vous attend » et qui met en scène une île où la vie continue. 

- A mon avis, c’est une erreur de parler du chikungunya car cela entraîne un discours négatif. Les professionnels du tourisme ont raison de soutenir une autre campagne intitulée « La Réunion on l’aime, on y va » où il n’est pas question du chikungunya. 

J’espère qu’une nouvelle réflexion sera menée à ce sujet. Une campagne dynamique serait plus porteuse. Le tourisme a besoin d’un message qui dise « venez à la Réunion passer des vacances dynamiques ». Une campagne passive ne fonctionnerait pas. 

- Le prix du billet est-il un handicap pour une destination comme la nôtre ? 

- Il y a un travail à effectuer sur le prix du produit. Une offre attractive peut servir d’élément déclencheur et faire en sorte que le tourisme redécolle. Ce sera alors à nous professionnels de la relayer. Notre implication sera totale mais il faut que tout le monde ait envie de relancer la machine. 

- Thomas Cook est donc décidé d’apporter sa pierre à l’édifice ? 

- Je peux déjà vous annoncer que nous allons reprogrammer la destination Réunion pour les programmes hiver 2006 et été 2007. Si je prends un engagement en terme de business, c’est pour que ça marche. 

Je pense que la Réunion retrouvera ses parts de marché naturelles. Ce sont les aléas du business : ça va, ça vient. Même les touristes commencent à intégrer ces éléments. Regardez ce qui se passe avec les attentats. Les destinations touchées finissent toujours par repartir.
 

C’est à la Réunion que les choix doivent être faits  
 

- Si un client arrive dans une de nos agences avec l’idée de se rendre à la Réunion, nous jouerons notre rôle. Mais il faut pour cela que les gens pensent à la Réunion. Et ça, ça ne dépend pas de nous. C’est à la Réunion que les choix doivent être faits. 

- Et si le chikungunya redémarre de plus belle en septembre ? 

- Ce sera plus long, mais il faudra effectuer une campagne de communication. C’est comme une tempête en mer. Il y aura peut-être un deuxième coup de grain mais un navire finit par sortir de la tempête.

La communication s’inscrit dans le long terme. Etre totalement absent, c’est reculer.
 

Entretien : Cédric BOULLAND          

 

THOMAS COOK EN BREF

Deuxième groupe touristique en Europe et troisième dans le monde, Thomas Cook est à la fois une agence de voyage et un tour-opérator. 

En France, l’enseigne détient environ 15% du marché de loisirs dans les agences de voyage. 1.500 professionnels du tourisme travaillent dans ses 447 agences (dont 266 en nom propre). 

L’an passé, Thomas Cook a fait voyager 2,5 millions de clients en France pour un chiffre d’affaires de 725 millions d’euros (63%) en forfaits tourisme et 37% en billetterie).  

A la Réunion, Thomas Cook est représenté dans 8 agences qui emploient au total 44 personnes.

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