Date Heure Identifiant Commune Dépt
01/08/2006  13:13  William  La Rivière Saint-Louis  974
Profession Date supposée Type témoignage Lieu supposé
CPE licencié Septembre 2004  Déclaration   

TEMOIGNAGE


J'ai 28 ans,j'habite la Rivière Saint-Louis un des premiers foyers de l'épidémie.
Personnellement depuis septembre 2004 j'ai commencé à ressentir des douleurs intenses au dos, aux articulations, aux genoux. A l'époque on ne parlait pas encore de chikungunya, le médecin m'a envoyé faire des prises de sang, des radios mais on n'a jamais rien trouvé d'anormal. Une fois au mois de novembre 2004, je n'ai pas pu mettre un pied par terre: impossible de marcher avec les douleurs. Le médecin est venu, m'a fait une piqûre, prescrit des médicaments contre la douleur et seulement le lendemain j'ai été mieux. A l'époque j'étais stagiaire CPE, je venais de réussir le concours externe. Malheureusement à cause de ces douleurs, de la fatigue que me procurait les déplacements pour me rendre à l'IUFM de Saint-Denis, j'ai pris beaucoup d'arrêts maladie. A la fin de l'année scolaire, l'IUFM et le Rectorat ne m'ont fait aucun cadeau et m'ont fait redoubler. 

Les douleurs quand à elles n'avaient pas disparu, je pouvais à peine marcher, monter un escalier, je ne pouvais plus courir, l'année scolaire 2005/2006 a été terrible. Stagiaire CPE redoublant, je continuais à me rendre les mercredis et vendredis à l'IUFM de Saint-Denis. Ayant cours à 9 heures je quittais la Rivière à 5h30 le matin, (même en ayant parfois du mal à appuyer sur l'embrayage ou passer les vitesses), pour avoir une place de parking pas trop éloignée, sinon la marche m'était insupportable, le midi j'étais obligé d'aller m'allonger dans ma voiture parce que après 3 heures de cours,il fallait absolument que je détente mon dos et mes jambes et je profitais également pour prendre mes médicaments, le médecin m'ayant mis sous codéine. Au collège du Gol à Saint-Louis, qui est un établissement il faut l'avouer difficile, il fallait être sans cesse sur le terrain, pour moi c'était très fatigant, à la fin de la journée j'étais KO, arrivé chez moi je ne pouvais plus rien faire d'autre que m'allonger pour soulager les douleurs. A côté de ça mon moral était au plus bas, psychologiquement c'est difficile à supporter un tel affaiblissement physique.

Pourtant vue ma situation de redoublant, je n'ai pris aucun congés maladie, au contraire j'ai tout fait pour m'investir dans mon travail. Mais le plus dur a été d'entendre les critiques à mon sujet, on m'a critiqué auprès des plus hautes instances académiques pour mon aspect "mou", "mon manque d'énergie", on m'a critiqué parce que le midi je préférais aller m'allonger dans ma voiture que déjeuner avec les autres stagiaires CPE. Donc en plus de la maladie, il fallait faire face à ces critiques, qui surtout dans le petit monde de l'Éducation  à la Réunion suffit à vous faire une réputation. Croyez moi il m'arrivait de pleurer en pensant à ce que je vivais avec les visites chez le médecin, chez le neurologue,les IRM, le rhumatologue, aussi à ce qu'on disait de moi alors que je ne méritais pas toutes ces critiques.

 
Au jour d'aujourd'hui 7 Août 2006, les douleurs sont moins intenses, mais je les ressens toujours je suis encore sous codéine. Côté professionnel, on ne m'a fait aucun cadeau, le jury académique après inspection a proposé mon licenciement au Ministère de l'Education Nationale, ce dernier a suivi l'avis du jury de la Réunion et m'a licencié. J'ai fait un recours gracieux avec certificat médical à l'appui ainsi que beaucoup d'autres éléments en ma faveur mais cette demande a été encore une fois rejetée. Certains me demandent ce qu'a fait mon syndicat, la réponse est RIEN, pourtant je pense qu'ils sont bien contents de recevoir ma cotisation depuis 6 ans.
 
Ce que je retiens c'est que l'égalité des chances ça n'existe pas, encore moins pour un petit créole.

Le témoignage complet sur mon licenciement de l'éducation nationale sur mon blog :
http://ilereunionambition.over-blog.com