Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien
 

 
Le Quotidien de la Réunion du Mercredi 26  avril 2006

                  
                                             Le virus résiste dans l’Ouest
 

Alors que l’épidémie se stabilise sur l’île à un niveau inquiétant, l’Ouest reste en première ligne.

L’hôpital de Saint-Paul totalise à lui seul la moitié des passages aux urgences pour le chikungunya.

 105 passages en une semaine 

Ainsi, la semaine dernière, 105 passages ont été notés aux urgences de l’Ouest sur 200 passages sur l’ensemble de l’île. « Malgré tout, indique Luis Santos, le directeur adjoint du centre hospitalier Gabriel Martin (CHGM), c’est le chiffre le plus faible depuis le 1er février, c’est à dire depuis la flambée de l’épidémie dans l’Ouest ». 

Pour mémoire, le pic avait été atteint entre le 6 et le 12 mars pour le CHGM qui avait reçu 330 personnes présentant les symptômes du chikungunya. « Si l’on prend les deux dernières semaines, les admissions sont nettement en baisse : 168 il y a quinze jours et 105 la semaine dernière », poursuit Luis Santos. 

N’empêche, le service des urgences, d’ordinaire déjà saturé, fonctionne toujours en flux tendu. « Les 25 lits installés provisoirement à l’EPSMR sont quasi toujours pleins », note le docteur Philippe Morbidelli le chef du service des urgences. 

Les médecins toujours sollicités 

La semaine dernière, 39 patients atteints du chik ont dû être hospitalisés au GHGM. Et ce n’est qu’une part des hospitalisations générées par le service des urgences. « Avec les problèmes de la route du littoral, il semble qu’un nombre de personnes traditionnellement orientées vers le CHD préfèrent se rabattre sur Saint-Paul ». 

Mais les passages aux urgences ne sont que la partie émergée de l’iceberg. En amont, les médecins libéraux de la zone Ouest restent très sollicités et vigilants. 

« Ce n’est sûrement pas le moment de baisser la garde » indique le docteur Alain Duport qui exerce à Saint-Paul. J’ai en face de moi un patient qui, croyant que l’épidémie redescendait, ne se protégeait plus. Résultat : il a attrapé le chikungunya ».

Le médecin Saint-paulois interroge son ordinateur. Depuis le 1er avril, il a vu 46 personnes nouvellement atteintes. « Globalement j’ai encore trois ou quatre nouveaux cas par jour alors qu’au plus fort de l’épidémie j’en avais une dizaine. Ce sont des chiffres encore importants ». 

Au Port, le docteur Lina Safy-Manche fait le même constat. « Hier, en une matinée, j’ai eu 7 personnes présentant les symptômes. Certes, c’est moitié moins que pendant le plus fort de la crise, mais c’est toujours préoccupant ». Une situation d’autant plus inquiétante que le médecin note que « certains ne vont même plus consulter lorsqu’ils sont touchés par la maladie, préférant l’automédication ». 

A la Possession, le docteur Yves Vanotte en est rendu à un cas par jour. Cependant, il note que tous les quartiers de la ville sont touchés et plus seulement « la Ravine des Lataniers et le centre-ville ». 
 

Nette diminution des cas à Saint-Leu 

A Saint-Leu, Christian Sigal constate une nette diminution des cas depuis trois semaines.

«avec un rythme tout de même soutenu de 4 à 5 passages journaliers ». Là encore, aucun quartier n’est épargné, même si la plupart des cas viennent du centre ville et des Colimaçons. « Nous avons même des cas jusqu’à la Chaloupe St-Leu ». 

De son côté, Trois-Bassins qui longtemps a été épargné du fait de son altitude, n’est pas exempt de chikungunya. « J’ai eu deux cas hier, mais c’est exceptionnel, explique le docteur Philippe Dalon. Si au départ les cas étaient importés, avec la saison des pluies nous avons eu des cas d’infection à Trois-Bassins même ». 

Enfin, Mafate, qui dépend des communes de la Possession et de Saint-Paul, a passé le cap des 200 cas. Preuve supplémentaire, s’il en fallait, que le virus se plaît bien dans l’Ouest ». 

                                                                                     L.B.