Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien |
«Lavez les pieds qui puent» A l’heure où l’épidémie de chikungunya affiche plus de 230 000 victimes à la Réunion, certains s’interrogent. Pourquoi moi et pas les autres ? Les autres se questionnent aussi. Pourquoi pas moi ? On sait aujourd’hui beaucoup de choses sur la propagation du virus favorisée par l’immense population de moustiques et la densité humaine à la Réunion. Ce que l’on connaît en revanche plus mal, c’est le pouvoir attractif de tel ou tel individu sur le moustique. Un insecte, on le sait, est attiré par les émanations respiratoires de gaz carbonique, mais aussi par les effluves corporelles. La transpiration est ainsi admise pour aiguiser l’appétit des femelles. Ce que l’on sait moins, c’est que d’autres odeurs corporelles s’imposent comme un attractif irrésistible pour l’insecte. Notamment les odeurs de pieds ! Ce constat a été mis en évidence par Bart Knols, entomologiste hollandais à l’agence internationale de l’énergie atomique de Seibersdorf en Autriche. L’homme a, par ailleurs, passé de nombreuses années en Afrique à combattre les moustiques vecteurs du paludisme. En 1995, Bart Knols note que l’anophèle gambiae, principal vecteur du palu en Afrique, pique essentiellement aux chevilles et aux pieds. En parallèle, le chercheur, enfant de l’autre pays du fromage, fait aussi cette stupéfiante découverte : les moustiques sont particulièrement réceptifs à l’odeur du Limburger, fromage fétiche de la province de Limburg, au Pays Bas. Pour le chercheur, le dénominateur commun entre les pieds sales et le fromage est évident. La bactérie utilisée dans la fabrication du fameux fromage, Brevibacterium linens, - la même que pour celle utilisée dans le Münster dont on connaît le pouvoir de nuisance olfactive -, est également présente dans les « dépôts » que l’on observe entre les orteils. Plus précisément, brevibactérium est à la tête de la liste d’une vingtaine de bactéries de ce genre, en particulier brévibactérium épidémidis, responsable de l’odeur des pieds. Aujourd’hui, la recherche porte sur la mise au point d’une molécule de synthèse permettant dans les régions où le palu sévit, l’installation e pièges performants.
Il est donc aujourd’hui parfaitement admis
que les odeurs de pieds ont un pouvoir enivrant pour les femelles
moustiques. La seule parade est de se les laver régulièrement. M.B. |