| Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | 
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      L’hiver pour stopper l’épidémie Cela 
      fait maintenant plus d’un an que le Chikungunya a fait son apparition à la 
      Réunion. Aujourd’hui, l’épidémie stagne de façon inquiétante à 3 000 
      nouveaux cas par semaine. L’arrivée de l’hiver austral est nécessairement 
      une mise à l’épreuve pour les autorités sanitaires qui doivent éviter une 
      flambée de l’épidémie l’été prochain. 
      Ca y est depuis hier : «une masse d’air 
      fraîche» a gagné la Réunion. L’hiver austral marque progressivement sa 
      venue. « Nous sommes encore en phase de transition mais dès jeudi nous 
      aurons un temps d’hiver austral avec des moyennes de 15 à 18° le soir et 
      25 à 28° la journée », affirme Marc Lévy, prévisionniste chez Météo 
      France.  
      Pour les autorités sanitaires engagées dans 
      la lutte contre le chikungunya, c’est le début du compte à rebours. En 
      effet, il ne reste plus que cinq mois, soit l’équivalent d’au moins 150 
      jours avant le retour de la saison chaude propice à l’augmentation des 
      populations de moustiques vecteurs de la maladie.  
      Cinq mois pendant lesquels il va falloir 
      redoubler d’efforts pour lutter efficacement contre cette épidémie qui 
      stagne aujourd’hui à 3 000 nouveaux par semaine. Or, d’après le préfet 
      Laurent Cayrel, «tous les ingrédients sont réunis pour une reprise de 
      l’épidémie au retour de l’été austral ». Une affirmation/estimation qu’il 
      fait par expérience.  
      En effet, l’année dernière, à la même 
      période, la Drass enregistrait en moyenne une cinquantaine de cas par 
      semaine pour un total de 500 malades du chikungunya. A l’époque, les 
      autorités sanitaires comptaient aussi sur l’hiver austral pour stopper la 
      transmission du virus. Sans résultat. L’épidémie s’est installée en 
      octobre 2005 avec 4000 cas recensés.  
      Bien sûr, « l’hiver va réduire l’activité 
      de l’aedes albopictus », comme l’indique la Cire, mais cela ne suffira 
      pas. En réalité, seule une «mobilisation communautaire»  pourra stopper 
      l’épidémie, selon le préfet.  
      Le problème est qu’on est encore loin d’ 
      «une prise de conscience collective» indiquent les associations engagées 
      dans la lutte contre chikungunya. Et pour cause : « lorsque nous allons 
      sur le terrain nous nous rendons compte que les gens ne sont pas 
      suffisamment informés. Certains ne savent pas lire et certains ne parlent 
      pas bien le français », indique Joël Innocente de l’association «Oté 
      marmailles». Pourtant, il est important de signaler que les campagnes de 
      sensibilisation de la Drass étaient également faites en créole. 
        Définir un plan d’harmonisation de la 
        lutte 
      Par ailleurs, l’association attire 
      l’attention des autorités sur d’autres points sensibles. «On est loin 
      d’avoir résolu le problème des décharges sauvages. Il n’est pas rare non 
      plus d’apercevoir devant chez soi des carcasses de voitures», affirme Joël 
      Innocente. Interrogé sur l’avancée des mesures prises contre les décharges 
      sauvages et l’abandon des carcasses de voitures dans différents coins de 
      l’île, le préfet a annoncé qu’il ferait le point jeudi. Pour les 
      associations, il faut aussi impérativement coordonner les actions de 
      prévention et de démoustication.  
      «On est J -150 du redémarrage de 
      l’épidémie.  Il faut tout faire pour que l’épidémie ne reparte pas après 
      l’hiver austral comme cela s’est produit l’année dernière. Il faut pour 
      cela impérativement définir auprès des décideurs un plan d’harmonisation 
      de la lutte à l’échelle de l’île», prévient Yann Lebihan, de l’association 
      «Citoyens contre le Chik». 
      C’est pourquoi la plupart des associations 
      engagées dans la lutte contre chikungunya ont décidé de se regrouper 
      autour d’un «projet fédérateur» proposé par un groupement de lutte 
      anti-vectorielle, une association créée sous l’égide du Conseil Général. 
      L’idée est de maintenir plusieurs équipes sur le terrain et proposer par 
      exemple la nomination d’un chef d’équipe par quartier. Le projet devrait 
      être présenté prochainement dans les détails par la présidente du conseil 
      général. 
      De son côté, le préfet a annoncé la mise en 
      place d’un nouveau protocole de démoustication à grande échelle à la mi 
      juin. Il a également proposé de maintenir en poste une partie des emplois 
      verts engagés dans la lutte contre chiukungunya. L’objectif étant que le 
      contrat des CAE embauchés par des associations co-financées par le Conseil 
      Régional soit transformé en contrat d’avenir. Aucune décision officielle 
      n’a encore été prise dans ce sens. Le préfet doit réunir prochainement la 
      Région et les communes concernées pour examiner le projet. 
      Delphine POUDROUX  |