Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien
 

 Le Quotidien de la Réunion du vendredi 21 avril 2006

Questions

Des essais sur 600 personnes

Le Docteur Bernard-Alex Gaüzere a participé, la semaine dernière au ministère de la santé, au séminaire de coordination des recherches sur le chikungunya. Il évoque ici les essais cliniques qui doivent avoir lieu sur l’homme pour tester l’efficacité de la Nivaquine, après les bons résultats obtenus en laboratoire.

- Quand débuteront les essais ?

- Le jeudi 11 mai. D’ici là doit être obtenu l’accord du comité de protection des personnes qui participent à des essais thérapeutiques. Il faut aussi confectionner les placebos (faux médicament, substance inactive, Ndlr), ce qui prend du temps.

- Comment vont se dérouler ces essais ?

- Avec des médecins libéraux, qui sont en train d’être identifiés – dans les régions les plus touchées actuellement par l’épidémie, notamment l’Ouest – et auxquels vont être adressés les protocoles.

Lorsqu’ils recevront un patient atteint de chikungunya, ils lui proposeront de le traiter, pendant cinq jours, par une dose de Nivaquine ou de placebo (ni le patient, ni le médecin ne sachant s’il s’agit de Nivaquine ou de placebo). Il y aura aussi plusieurs examens sanguins : pour s’assurer en particulier que la sérologie chikungunya est positive (dans le cas contraire, le patient sera sorti de l’étude) et que le patient n’a pas pris de chloroquine auparavant.

Deux autres personnes du même foyer ou de l’entourage immédiat du patient, n’ayant pas eu le chikungunya (ce qui sera également vérifié par une sérologie) recevront elles aussi une dose de Nivaquine ou de placebo, afin de tester le rôle préventif de la molécule.

- Combien de personnes seront concernées par les essais ?

- Au total l’essai baptisé « Curachik » (pour tester les propriétés curatives de la Nivaquine) se fera sur 200 patients volontaires âgés de 18 ans ou plus (les moins de dix-huit ans ainsi que les femmes enceintes ou allaitantes ne sont pas concernés) ; l’essai « Prévenchik » (pour les propriétés préventives) se fera sur 400 témoins.

- Comment aura lieu le suivi des essais ?

- Les patients seront examinés à J0 (jour de la première consultation), J3 et J5, où il y aura un prélèvement sanguin pour mesurer le taux des anticorps ». Il y aura aussi un entretien téléphonique à J14. On pourra avoir rapidement, en quelques semaines, les résultats : savoir si les patients traités par la Nivaquine se portent mieux que les autres, ont moins de fièvre, moins de signes de la maladie, moins de complications articulaires etc. Savoir aussi si la Nivaquine protège du chikungunya, avec quelle posologie.

Si ça marche, il devrait y avoir un avenant à l’AMM (autorisation de mise sur le marché) de la Nivaquine. L’enjeu est très important car, au-delà du chikungunya, on peut espérer que cela puisse marcher aussi pour beaucoup d’autres arboviroses, comme la dengue notamment.

                                               H.S.
                                               (Le Quotidien de la Réunion)