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Qu’est ce au juste qu’une méningo-éncéphalite ? En quoi est-ce grave ? Pourquoi certaines personnes en sont-elles atteintes et pas d’autres ?

  Mise en ligne le : 05/03/2006 Dernière révision :
 

Le cerveau ou encéphale est entouré de trois enveloppes : les méninges qui le protègent et le nourrissent en partie (dure-mère, pie-mère, arachnoïde). L’inflammation du cerveau ou son infection constitue une encéphalite. L’inflammation des méninges ou leur infection constitue la méningite. Quand encéphale et méninges sont tous deux atteints, on parle de méningo-encéphalite (ME). Quand la moelle épinière est également atteinte on parle de myélo-méningo-encéphalite.

Les ME sont dues à plusieurs causes : bactéries ou virus. Elles se traduisent par des troubles de la conscience avec coma plus ou moins profond, parfois des crises de convulsion et de la fièvre. Le décès peut survenir par arrêt de fonctionnement du cerveau qui gonfle dans la boîte crânienne qui est inextensible et finit par s’écraser ou s’étrangler dans le trou occipital qui est à la base du crâne et qui constitue la seule issue possible pour le cerveau sous pression. Le diagnostic, fortement évoqué par l’examen clinique (fièvre, coma, convulsions) est confirmé par le scanner (œdème cérébral) ou l’IRM qui photographient l’intérieur du crâne. Afin de connaître la cause exacte de la ME et d’isoler et de cultiver le virus ou la bactérie responsable, on peut, sous certaines conditions, prélever un peu le liquide céphalo-rachidien (LCR) par ponction lombaire, réalisée dans le bas du dos. En effet le centre du cerveau et les méninges fabriquent en permanence du LCR qui descend ensuite dans la moelle épinière. On peut aussi rechercher dans le LCR, des anticorps spécifiques (IgM, IgG) qui signent l’origine de l’infection.

Le premier cas de ME liée au chik a été décrit dans le service de réanimation adulte du CHD, en juin 2005, chez des adultes qui ont survécu, sans séquelles. (Méningo-encéphalites à Virus Chikungunya : à propos d’un cas à La Réunion. Gras G, Martinet O, Gaüzère B-A, Schlossmacher P, Collignon B, Jaffar-Bandjee M C, Schlossmacher P, Knezynski M, Pac-Soo AM, Drouet D, Lefort Y. In press. Bull. Soc. Path. Exot. 2006.).

A la Réunion, le premier cas mortel de ME vient d’être confirmé chez une enfant de 9 ans, auparavant sans problème de santé, par la présence d’IgM dans le LCR et par l’absence d’autres causes habituelles (herpes virus, cytomégalovirus, leptospirose, méningocoque, tuberculose, tumeur cérébrale…).

Auparavant un seul cas de ME chez l’enfant avait été décrit au Cambodge en 1971 (Acute neurologic and sensorial disorders in dengue and Chikungunya fever. R. Mazaud, J. Salaun, H. Montabone, P, Courbe, R, Bazili. Bull Soc Pathol Exot. 1971 ; 64(1) : 22-30.)

On sait que tous les arbovirus ont une prédilection pour le système nerveux central (neurotropisme) et que des encéphalites sont régulièrement rapportées lors de l’Encéphalite équine américaine, du West-Nile, l’Encéphalite japonaise, de l’Herpès…
Par contre, on ne sait pas pourquoi certains enfant ou adultes jeunes vont faire des formes mortelles de la ME à
chik, alors que des personnes âgées y survivent sans séquelles. Nous ne sommes pas égaux devant la maladie, pour des raisons de charge virale (densité des virus dans le sang), mais aussi d’ordre génétique (influence des groupes tissulaires HLA) ou immunitaires.

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